Elle prend beaucoup de place, elle m’empêche souvent de dormir, parfois même elle parle à ma place, elle agit sans mon accord, elle est toujours collée à moi, impossible de m’endormir ou de me réveiller sans elle. Elle est envahissante, étouffante, écoeurante.
Elle me fait mal, elle m’appuie si fort sur la poitrine que parfois elle m’empêche même de respirer, elle me cogne si fort que mes migraines me fond perdre la raison.
Parfois elle s’endort, alors je peux respirer, je peux aimer, pardonner et avancer. Mais si par malheur on me bouscule un peu trop fort, elle se réveille et prend le dessus.
Pire qu’un cil dans l’oeil, qu’un mec relou en boîte, qu’un bourré dans le métro, qu’un gosse devant un smartphone, elle s’agrippe et m’oppresse.
Elle est ma plus longue relation et aussi la plus toxique, nous vivons nos hauts et nos bas, parfois elle me quitte mais elle finit toujours pas revenir, impossible de se passer l’une de l’autre.
On s’est rencontrées début 2014, elle est arrivée dans un tournant, elle m’a percutée, je ne l’avais pas vu venir, j’étais trop occupée à regarder ma vie si parfaite s’effondrer. Elle est venue remplir ce trou béant qu’a laissé le départ de maman.
5 ans plus tard elle a pris du poids, elle bouffe tout, il ne reste plus rien, ni confiance, ni amour propre, ni pardon, ni limites. Elle passe son temps avec ses meilleures copines : la rancune, la violence, l’égo, la fierté sans oublier le mépris.
Elle m’a épuisée, physiquement et psychologiquement.
Comment peut-on se débarrasser de la colère ?
Chaque sentiment vécu se transforme en colère, je ne peux plus me souvenir de la dernière fois que j’aie eu des larmes de tristesse. Je pleure de la colère, je souffre de la colère, j’aime avec de la colère. Tous mes sentiments ont ce goût amer. L’abandon, la trahison, l’injustice sont les parents de cette colère, ces blessures qui rythment ma vie depuis des années, qui me rattrapent à chaque fois que je pense les avoir semées. Des blessures qui deviennent invivables et qui se réincarnent dans les actes de ceux que j’aime. Je ne peux plus supporter que l’on m’abandonne, que l’on me blesse, mon coeur et mon corps ne sont plus capables d’encaisser de tels chocs. La colère devient alors mon seul bouclier, mais plus la souffrance est grande plus la colère est étouffante. Et comme si nous mettions trop d’air dans un ballon, comme si un élastique trop tendu lâchait , j’explose, je lâche et le choc est bref mais puissant.
Il y a quelques semaines j’ai vécu un choc si fort qu’à l’heure actuelle je suis incapable de l’exprimer, incapable de poser les mots sur cet acte de lâcheté de la part d’un homme que j’aimais profondément . Ce n’est pas une histoire de tromperie, ni d’insultes, non, juste de l’égoïsme. Je me suis retrouvée seule, humiliée, salie, abandonnée, rabaissée dans une impasse que je ne pouvais traverser sans lui. Tout l’amour, l’attention, la bienveillance, la confiance que je lui avais accordés ne valaient plus rien. Il m’a menti, et m’a laissée seule et les supplications et les larmes n’y ont rien changé. Le choc était si puissant que ma colère s’est emparée de chaque partie de moi-même, j’étais comme anesthésiée. Je ne pensais à rien d’autre qu’aux scénarios de vengeance les plus fous, elle s’est même emparée des mes rêves.
J’ai levé la main et craché au visage d’une personne que j’aimais, parce que j’étais épuisée et vidée de tout autre sentiment. Les heures suivantes je n’étais pas sous le choc, je ne m’en voulais pas, j’essayais simplement de me souvenir de cette scène, comme si une autre personne avait pris possession de mes membres, comme si on m’avait dit « Je m’en charge, tu n’as plus de force pour affronter ça ». C’était moi, mais ce n’était plus mon coeur, ni mes sentiments. Je n’ai pas perdu le contrôle, j’ai survécu en déléguant à ma colère. Pour la première fois de ma vie elle a pris les commandes. Comme si vous interdisiez à un enfant de jouer avec une console et que du jour au lendemain vous la lui mettiez dans les mains.
Elle donne raison à celui qui me dira folle, instable ou hystérique. Elle est juste le résultat d’une multitude de blessures. Elle me fait si mal.
Alors ma chère colère, merci pour ta protection, au fond je sais que tu voulais seulement apaiser les plaies, mais il arrive un moment où il faut retirer le pansement pour laisser la blessure se refermer seule. Il faut partir, avant que les dégâts deviennent trop grands. Laisse-moi accepter la lâcheté de ceux que j’aime, laisse-moi accepter le pardon, la rancune ne m’a jamais fait avancer. Laisse-moi dire au revoir sans me déchirer le coeur et l’âme. S’ils m’abandonnent ce n’est pas grave, le soleil se lèvera le lendemain. Si je l’aime et qu’il part, ne t’enflamme pas. S’il est mon sang et qu’il faut pour mon bien se séparer, n’en fait pas une obsession, je bâtirai mon propre nid. Tu dois rester à ta place, tu dois rester derrière, avec le reste, avec le deuil, les déceptions, les hurlements, et les pleurs.
Ne sois pas comme eux, ne sois pas égoïste le reste de ma vie est devant moi, j’ai hâte de vivre toutes ces émotions et de ressentir tous ces sentiments sans que tu ne t’immisces… Je veux aimer avec de l’amour, je veux avoir le coeur léger, je veux pleurer de tristesse, dormir sans angoisse, et vivre sans que tu me l’interdises.
Merci et au revoir ma colère.
Très beaux texte 💪💫
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