A ma mère

Maman,

C’est étrange d’écrire ce mot. Je ne l’écris plus, je ne le prononce plus depuis une éternité et c’est long une éternité sans toi. A quoi ressemble la vie au-dessus des nuages ? Est-ce aussi incroyable que ce qu’il n’y paraît ? Je ne te parle plus aussi souvent qu’avant, mais je ne cesse de parler de toi, de raconter ton combat. J’essaye au mieux de te décrire avec les souvenirs qu’il me reste. Je te fais vivre à travers moi. Je te l’avais promis, tu te souviens ? 

Plus les années défilent, plus j’aimerais les retenir. Ces années effacent de ma mémoire ton visage. Ton grain de beauté sur la joue était-il à droit ou à gauche ? Et puis il y a le son de ta voix. Je ne suis plus capable de l’imaginer : rien ne s’en rapproche, rien n’y est semblable. Ça me rend triste. J’aimerais mettre tous nos souvenirs dans une boîte qui résisterait au temps, pour que jamais je ne perde une image, un son, une couleur, une odeur de toi. 

6 années me séparent de ton dernier souffle, de ce dernier regard, je peux encore sentir ma main serrer la tienne. J’aurai aimé la tenir encore un peu plus longtemps mais le temps m’a arraché à toi. Rien ne s’est arrêté ; le soleil s’est levé le lendemain. Tout le monde a repris le cours de sa vie, j’ai commencé à vieillir, mais j’étais toujours dans le noir. Alors j’ai attendu, en espérant qu’un jour ou l’autre mon soleil se lève à nouveau. J’ai finalement accepté, que tu ne reviendrais pas. 

Alors j’ai avancé. C’est ce que tu voulais, pas vrai ? J’ai traversé ces années, je me suis trompée plusieurs fois, je t’en ai voulu 100 fois de ne plus être là pour m’aider, de ne plus me rattraper quand je tombais, de ne plus répondre quand j’avais besoin de toi. Tu n’étais plus là pour ouvrir tes cadeaux d’anniversaire, pour recevoir tes fleurs de fête des mères. Tu n’étais plus là pour aller au cinéma, pour faire les boutiques, pour chanter avec moi dans la voiture. Alors je suis devenue jalouse. J’enviais mes amies, j’enviais les conversations avec leurs mères, leurs fous rires, leurs disputes. J’enviais leurs regards et la sécurité des bras d’une mère. Je suis devenue spectatrice d’un amour qu’on m’avait arraché. 

Excuse-moi d’avoir ressenti autant de colère à ton égard, d’avoir eu un comportement aussi égoïste. Excuse-moi d’avoir pu, un jour, imaginer que tu avais décidé de m’abandonner. 

L’imaginaire a été très longtemps un refuge afin de pouvoir y partager des moments avec toi.  J’ai souvent rêvé te revoir. Et si j’avais une heure ? Juste une heure avec toi ? Je pense que je te ferais découvrir mon monde. Je te montrerais tout ce que j’ai construit, je te présenterais les gens que j’aime pour qu’ils découvrent enfin de qui je tiens ces yeux si sombres et ce sourire si communicatif. Je ne parlerais pas tant que ça, je t’écouterais. Tu me raconterais comment est le paradis et à quel point tu es heureuse d’avoir retrouvé ta mère. Tu me conseillerais sur ce grand bain, qu’est la vie.

J’ai mis du temps à accepter que tu ne m’avais jamais rien vu accomplir. Cette frustration, j’ai tant bien que mal essayé de la transformer en force. J’ai traversé le grand bain sans toi. Inutile de te dire que je n’ai pas toujours pris les bons chemins et la route est encore longue. Mais au bout de chaque chemin, tu es là. Chaque réussite porte ton nom. Je ne sais pas où tu te caches autour de moi. Est-ce dans une lumière ? Dans un coup de vent ? Dans un bruit ? Une odeur ? Un papillon ? Quand tout me semble impossible, je rebondis 100 fois plus haut. Et tout ça, c’est toi. Peu importe l’image que le monde a de moi, le regard le plus important est et restera le tien pour l’éternité. Alors s’il te plaît maman, n’arrête jamais de m’influencer et de me protéger.

Tu es fière ? Est-ce que je suis à la hauteur ? Si seulement je pouvais entendre ta voix comme réponse. Ça n’a pas été facile, c’était le néant, je n’y croyais plus. J’ai eu vraiment mal maman. J’ai cru que ça ne s’arrêterait jamais. J’ai cru que mes larmes n’arrêteraient jamais de couler, que mon souffle ne se calmerait pas. Regarde-moi, à 23 ans, je n’ai plus peur de rien. On m’a arraché la plus belle chose au monde. Qu’est-ce qu’il pourrait m’arriver à présent ? Une déception amoureuse ? Une déception amicale ? Une déception professionnelle ? Je n’ai peur de rien, je n’ai même pas peur de la Mort. Moi qui ai voulu m’ôter la vie 100 fois pour te rejoindre, j’ai arrêté de survivre pour enfin vivre cette vie à 1000%. J’ai hâte que tu voies tout ce qui m’attend. J’ai hâte de vivre toutes ces nouvelles aventures avec toi. J’ai envie de vivre 100 vies tellement mon envie de vivre est insatiable. Tout ça c’est grâce à toi.

J’allais presque oublier,

Je te souhaite un joyeux 58ème anniversaire maman. Continue de briller aussi fort dans le ciel. Ton âme est partout autour de moi. Tu es inoubliable, indétrônable, irremplaçable. Tu es la plus belle histoire de ma vie et je ne cesserai jamais de te faire vivre à travers moi, tu ne disparaîtras jamais. J’ai hâte de parler de toi à mes enfants, hâte de devenir une mère aussi impressionnante que toi. J’espère atteindre un jour ta hauteur et ne jamais cesser de me battre. 

Je t’aime au-dessus de toute limite. Merci de m’avoir donné la vie, merci de me donner la force de la vivre, elle t’est dédiée. 

A ma mère, la plus étincelante des étoiles dans le ciel.

8 Comments

  1. Article très émouvant on ressent vraiment ta peine et l’amour que tu portais à ta mère. Malheureusement la vie est injuste..le plus important ces que tu puisse avancer, et toujours penser à elle car le souvenir ces tout ce qui reste et ce que tu peux raconter d’elle pour continuer à la faire vivre à ta façon. Courage ❤️ Joyeux Anniversaire à elle.

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  2. Très bel article, tu es très touchante et beaucoup de t’es articles/mots m’ont aidé dans ma vie personnelle, parfois à avancer, parfois simplement à me rendre compte de la chance que j’ai.
    Je te souhaite tout le bonheur du monde, tu es si courageuse❤️ merci pour tout ces mots.

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  3. C’est magnifique, ça vient du cœur c’est sincère la douleur est immense on la ressent en lisant ce magnifique texte elle sera toujours là avec toi ta courageuse maman ne cesse jamais de lui parlée. Bravo d’en avoir parler

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  4. Waouh ! Je suis sure que ta maman est fière de toi, de ce que tu accomplis. Tu m’as fait pleurer pendant tout ce très joli texte. Tu nous fait prendre conscience à quel point les proches sont importants et pour cela merci ❤️

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  5. Merci pour ces mots je me suis tellment reconnue dans tes pensées, la jalousie de voir ses copines avoir leur maman, la frustration de ne pas pouvoir lui parler, la résilience pour pouvoir avancer un peu, la peur d’oublier, la colère de rester parfois… ca fait 4 ans et Elle aurait eu 50 ans cette année… On avance mais on n’oublie jamais et oui la douleur reste ms elle se diffuse pour mieux supporter…

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