Dépendance

« Tu le bloques, tu supprimes son numéro, c’est terminé Julia ! Tu vois pas qu’il te prend pour une conne ! » Tess, ma meilleure amie, toutes les deux semaines depuis presque un an.

A quel moment sommes-nous censés comprendre que nous nous enfermons dans une relation toxique ? Existent-ils des signes ? Des warnings ? Et pourquoi sommes-nous incapable de fuir ? Pourquoi croire que « peut-être demain ça changera… » ? Comment fuir un indécis, quelqu’un qui ne vous aimera jamais, quelqu’un qui se sert de vous ?

Il y a quelques mois si on m’avait proposé de vivre une relation à sens unique, de tomber amoureuse sans l’être en retour, j’aurais surement décliné cette proposition. Et pourtant c’est à pieds joint que j’ai sauté dans cette relation toxique. Je crois que je peux l’appeler mon « ex » il m’a autorisée le statut de copine pendant nos deux dernières semaines de relation. Les 8 premiers mois, j’étais juste « Julia ». 

Julia c’est beaucoup d’attention, beaucoup d’amour, d’affection, de services divers et variés. Julia c’est une disponibilité sans failles pour vous rendre la vie plus facile. Julia présente bien et a de la conversation, vous pourrez donc envisager vos voyages avec vos amis les plus intimes à ses côtés. Julia saura être à votre écoute à n’importe quelle heure du jour et évidemment de la nuit. Julia s’entendra à merveille avec vos amis et votre famille. Quand Julia devient un peu trop envahissante, n’hésitez pas à la foutre dehors mais généralement, Julia sera discrète et ne posera pas trop de questions. Si vous ne savez pas trop sur quel pied danser, si vous ne savez pas où vous avez mal, si vous voulez la vie de couple avec les avantages du célibat. N’hésitez plus, optez pour Julia. 

La peur de l’engagement, c’est aussi l’une des maladies du siècle. J’étais tout bonnement à sa disposition, j’étais en attente, dans l’espoir, comme un chien qui attend un bout de fromage. Sauf que moi j’attendais qu’il me donne son amour, même un petit morceau. Je me suis éprise pour un homme qui, avec du recul n’a absolument rien d’exceptionnel. Je suis restée là, pendant plusieurs mois, j’étais une plante, j’ai perdu mon caractère et ma grande gueule, j’étais tétanisée. J’attendais qu’il se serve de moi, comme un buffet à volonté. 

« Tiens-toi droite », « Relève la tête tu as un double menton », « Tu as maigri c’est bien, mais recommence pas à manger par contre », « Tu n’as pas mangé depuis une semaine ? Tu es top là ! », « Mais je comprends pas, pourquoi tu as un bouton ? », « Ne te mouche pas devant moi, c’est hyper mal élevé », « Tu peux m’épiler les poils dans le dos ? », « Ah tu pues c’est horrible, tu as pas racheté ton parfum ? », « Je t’ai jamais rien promis, sale folle ». 

Jamais assez bien, amoureuse donc folle, évidemment. J’ai essayé de me modeler à cette personne, d’être celle qu’il voulait que je sois. Je ne cherche pas à descendre cet homme, je ne cherche pas à ce que vous le détestiez. Je veux simplement mettre en lumière ma connerie, mettre en lumière les dégâts de la dépendance affective. 

Voici la définition made in google de ce terme : « La dépendance affective est une condition psychologique très douloureuse, très difficile à vivre, que le sujet a beaucoup de mal à reconnaître et accepter. Il se perçoit constamment et uniquement par le biais de l’autre, ce qui rend difficile la construction de son identité propre et d’une relation saine ».

Evidemment j’essaye de dédramatiser ce terme, mais la douleur est toujours omniprésente. Ça peut nous tomber dessus à n’importe quel moment, même lorsqu’on est très indépendante, comme moi. Je n’ai absolument rien contrôlé, jusqu’au jour où il m’était impossible de dire non ou de dire stop. Je donnais à foisons, sans limites et je me contentais de 10% de sa part. Je me suis satisfaite de 10 % parce que je ne pensais pas mériter mieux. Psychologiquement c’est la descente aux enfers. A ce moment précis, pour moi je n’ai que ce que je mérite, je pense au karma, je pense à ceux que j’ai blessés, je me dis que je paye pour le mal que j’ai fait, et pendant des mois je continuerai à lui trouver des excuses. 

Je me sentais coupable, car il ne m’avait rien promis, mais il me faisait vivre une relation de couple, l’étiquette en moins. Il était fidèle alors que je n’étais pas sa copine, notre relation était exclusive, mais nous n’étions rien. 

Parfois, nous sommes capables de mettre sur un piédestal ou de faire passer quelqu’un avant tout, alors que nous ne représentons absolument rien à leurs yeux. Je ne sais pas ce qui est plus fou, être capable d’y croire ou la manipulation inconsciente de la personne en face. En quelques mois je suis devenue une copine jetable. 

J’aurais aimé me préserver de cette douleur, j’aurais aimé avoir une relation assez saine avec moi-même pour ne pas me mentir, ne pas mentir à mon entourage, ne pas lui trouver des excuses, ne pas confier mes sentiments au creux de mauvaises mains. Mais les choses sont ce qu’elles sont, et je ne peux que retirer une leçon de cette situation et la partager aujourd’hui. 

Par chance, ce n’était pas un pervers narcissique, car les choses auraient été 100 fois plus compliquées, c’était simplement un indécis chronique. Il était incapable de se décider sur la couleur d’un pull, entre un steak ou un pavé de poisson, entre un pull ou un sweat, alors se décider si oui ou non je méritais d’avoir mon étiquette officielle… Ne lui en demandons pas trop.

Fuyez, si on ne vous respecte pas à votre valeur, FUYEZ. Vous ne changerez personne, n’acceptez pas de devenir la chose de l’autre, n’acceptez pas d’être le plan B. Donnez pour recevoir, aimez pour être aimé, soyez passionné et écoutez les gens qui vous aiment, ils vous sauveront. 

« C’est pas toi, c’est moi le problème » FUYEZ. Oui vous êtes une personne en or, tirer une leçon de cette relation, récupérer vos sentiments, votre amour, vos valeurs, votre bienveillance et claquer la porte définitivement ! Une autre l’ouvrira car tout le monde connait le code de sa porte d’entrée, oui vous n’êtes ni la première ni la dernière. 

Il y a quelques temps je me demandais comment je me remettrai de cette relation, aujourd’hui je me regarde et je me dis que je mérite des promesses tenues, de l’attention et de l’amour sans frustrations. 

Soyez dépendant de vous même, votre coeur, vos sentiments, votre corps, votre peau, sont précieux ! 

L’amour ne devrait jamais nous salir. 

Ps : Tess, je l’ai bloqué, promis ! 

3 Comments

  1. Bonjour Julia, comme ça fait du bien de te lire, je ne me sens moins seule …
    je me reconnais tellement dans tes mots et l’émotion monte en te lisant.
    Quelle force ! Je suis épaté.
    J’ai l’impression de revivre à peu prêt les mêmes histoires … peut être une question de génération que sais je.
    Mais si tu as des conseils je suis preneuse.
    Je comprends tellement ce fait de ne pas voir à l’avance et d’arriver dans un tourbillons où l’ont n’arrive même pas à partir pour son propre bien… dans tous les cas on est malheureuses .
    Merci pour cet article, je te souhaite le meilleur pour l’avenir.
    Charlaine

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